Novembre 2015 - Au carrefour des souvenirs


Dimanche soir j’étais avec L, place Sainte-Catherine. Cela me rappelait une soirée où, avec E, nous nous étions embrassés, quelques semaines plus tôt. Le lendemain, j’avais un date Tinder avec D au Viavia, à côté de la place Sainte-Catherine où, une poignée d’heures plus tôt, je flirtais avec L. Et quand j'ai raccompagné D. qui habite sur cette même place, nous nous sommes embrassés à quelques mètres de l’endroit précis où je me tenais la veille avec une autre femme… 
Les souvenirs, ici, ne se croisent pas. Ils collisionnent. Il y a finalement si peu de lieux différents, de bars, de places où les jeunes gens vont…
Je me demande si des gens, ici, parviennent à maintenir une relation extra-conjugale sans se faire attraper.
A Paris, à Lyon, beaucoup d’endroits sont pour moi chargés de souvenirs. Mais des lieux, il y en a tant que, lorsqu’on y revient et qu’on y croise de la mémoire, du temps a déjà passé qui a creusé de la place pour des nouveaux souvenirs. On a pu faire la paix avec sa mémoire, les gens qui nous y accompagnaient ont déménagé ou bien changé – parfois on ne les fréquente même plus. Quand je suis allé avec E. à la Butte aux Cailles, les soirées que j’y avais passées avec Lardon me paraissaient dater d’une autre éternité, venir d’une réalité parallèle. A Bruxelles, c’est tous les jours, tous les mois, que je foule un endroit bien connu, bien repérable.
Comment ça se passe de vivre longtemps ici ? Est-ce qu’on y fait sa maison, en meublant la ville de la juxtaposition de tous ses souvenirs ? Est-ce qu’on y étouffe sous le boisseau chargé du passé, du présent passé et du présent-présent ?
Croiser les mêmes gens, les mêmes souvenirs, je ne sais pas si ça me cadrera, me calmera, me connectera au temps passé ; ou me dégoûtera, m’insupportera, m’enfermera. Pour l’instant, cela me plaît pas mal. J’ai l’impression de marcher au présent dans ma propre mémoire.

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