"A quoi bon ?" s'exclama-t-elle fort
étrangement, alors qu'il se penchait pour l'embrasser, pour
la première fois sans résistance depuis l'été 2013. Cependant qu'elle entrouvrait
ses lèvres, acceptant son baiser, ayant accueilli sa main sur sa hanche, et que
quelques minutes plus tôt elle entrelaçait ses doigts aux siens dans le bar et
dans la rue, et lui parlait de la résurgence de son désir depuis qu'elle avait arrêté la pilule, cependant que son corps lui disait ce oui que par le passé il lui avait parfois été si difficile de déceler par le passé, son
esprit à elle se sentait obligé, à travers ses lèvres, de lancer un dernier défi de
pure forme et qui la surprit elle-même, et plutôt qu'un
"non" elle lui jeta ce "à quoi bon ?", très sérieusement,
comme une question à quelqu'un qui aurait commencé de se mettre nu en pleine rue,
ou de s'introduire une banane dans l'oreille.
C'est une question terrifiante, véritable colle car, oui, à quoi bon l'embrasser, à quoi bon s'embrasser, à quoi bon succomber ou restreindre le désir ? A quoi bon quoi que ce soit ? A quoi bon la vie ? Le plaisir, la douleur ? Aucune réponse cérébrale, morale, ne peut adéquatement remplir le vide terrible creusé par ce "à quoi bon ?" dans la réalité du monde, une question qui n'accepte à la rigueur qu'une réponse bête et banale, à l’aune du vertige de la question : "parce que c'est bon, justement, parce que je le veux".
C'est une question terrifiante, véritable colle car, oui, à quoi bon l'embrasser, à quoi bon s'embrasser, à quoi bon succomber ou restreindre le désir ? A quoi bon quoi que ce soit ? A quoi bon la vie ? Le plaisir, la douleur ? Aucune réponse cérébrale, morale, ne peut adéquatement remplir le vide terrible creusé par ce "à quoi bon ?" dans la réalité du monde, une question qui n'accepte à la rigueur qu'une réponse bête et banale, à l’aune du vertige de la question : "parce que c'est bon, justement, parce que je le veux".
Miette du 28 mars 2015
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