Il y a deux marches, deux étapes, pour s’aimer soi-même.
La première, évidente, tient à aimer ce que l’on a d’aimable – c’est-à-dire
consiste à le repérer, à savoir ce que de moi je trouve bien, bon, aimable –
selon mes goûts aussi, selon les goûts des autres aussi. C'est une honnêteté qui n'est pas si facile.
La seconde marche à gravir, c’est de reconnaître, sans
concession, et d’accepter ses défauts. Pas de les aimer : c’est une idée
qu’on entend souvent, aimer ses défauts et ceux des autres. C’est idiot, je
crois : si on les aime c’est très exactement la définition de la
complaisance. Mais il faut les assumer suffisamment pour, par exemple, pouvoir
en rire – c’est-à-dire créer l’espace, le « jeu », pour en jouer,
pour s’amuser avec pour les montrer aux autres et aussi, désamorcer leur effet
néfaste, ou aider les autres à s’en défier lorsqu’ils surgiront, à nous avertir
quand on aura dépassé les limites, à ne pas confondre nos défauts avec notre
personne. C’est une erreur, à mon sens, que de croire que reconnaître nos
défauts nous aidera à nous en débarrasser. Cette reconnaissance, si on va bien,
peut aider à combattre, amoindrir nos vices – mais lorsque nous irons trop mal
à nouveau, lorsque nous baisserons la garde, la plupart de nos défauts, qui
sont le tissu de notre étoffe au même titre que nos qualités, reviendront avec
plus ou moins de vigueur. Mais au moins : pouvoir les montrer en riant, à
nos amis qui peut-être alors reconnaîtront à cette lumière légère les leurs, je
crois que c’est là le début de l’amour de soi – qui est toujours, toujours, le
point de départ du véritable amour de l’autre. Être vis-à-vis de nos pires côtés,
non pas permissifs, mais compréhensifs, comme des parents qui savent que leur
enfant est un peu « difficile ».
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