Cette nuit, chez Julien, je me suis réveillé sans
avoir où j’étais. Jetlag, triplag : me voilà décomposé aux quatre coins du
monde, belge, français, brésilien, allemand, américain, mon cœur clignote à
tous les endroits à la fois. On comprend que mon âme soit au propre : déboussolée.
Il m’a fallu sortir de la chambre pour comprendre où
j’étais, qui j’étais, quand j’étais. Pendant ces quelques secondes, une panique
ensommeillée montait, celle qui disait, comme souvent, comme souvent au Brésil
je me souviens, qui disait « tu perds ton temps, tu voyages pour rien, tu
es en retard, tu rates le train de ta vie. » Cette voix, je crois, ne se
taira jamais. Elle continuera toujours de plonger ses aiguilles dans mes nerfs,
son venin dans mes plaisirs gratuits, dans mes oisivetés d’enfant. Ce venin dit
qu’il faut grandir, avancer, aimer, travailler surtout. Ce venin dans mes nuits
exagère : il me fait croire que j’ai oublié totalement de travailler
depuis des années, comme il fait croire parfois, dans mes rêves, que je n’ai jamais
trouvé la force de quitter Ag et qu'il me faut encore vivre avec elle.
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