Peu de choses me font penser véritablement à A.
Véritablement penser, c’est-à-dire avec un serrement de cœur, avec l’idée d’un amour
perdu, d’une femme que je peux revoir mais certainement jamais retrouver telle
que je l’ai connue – amoureuse, aimée, jeune.
Quand je me souviens de voyages, d’anecdotes et de moments vécus avec elle, pendant ces dix ans, c’est décollé de sa personne, c’est mêlé à la mienne, de sorte que je me souviens surtout de notre passé mais jamais du sien propre. Je pense à nous, je ne sais comment penser à elle.
Quand je me souviens de voyages, d’anecdotes et de moments vécus avec elle, pendant ces dix ans, c’est décollé de sa personne, c’est mêlé à la mienne, de sorte que je me souviens surtout de notre passé mais jamais du sien propre. Je pense à nous, je ne sais comment penser à elle.
Seule peut-être la vision sur mon chemin d'une succursale du Crédit Mutuel me fait penser intensément
et exclusivement à Agathe. Elle y était cliente, pas moi. Elle disait
« Crédit Mut’ », je vais au Crédit Mut, je reviens du Crédit Mut,
c’est une lettre du Crédit Mut’, et cette sonorité, ces 3 syllabes dont la
dernière claquait comme une surprise et comme un meuglement, n’étaient qu’à elle et ne venaient que
d’elle. A chaque fois que je vois cette banque, comme
je n’en connais aucun autre client qu’Agathe, c’est elle que je retrouve toute
entière : mienne et inchangée, bouleversante et quotidienne, une Agathe qui
n’existe plus ailleurs que dans la mémoire de mon cœur, dans un tiroir fermé à
double tour par le changement des sentiments et de ma personne, par une une serrure que seuls, peut-être, les agences Crédit Mutuel
ouvrent aussi facilement.
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