7 juin 2016 - Concert de Julia Holter

Avant ça, à Botanique, il y avait une première partie. Julianna Barwick, musique qui ressemblait beaucoup à Holter, mais de plus basse intensité, plus triste, sans parole. M. a dit « de la musique de sirènes », avec mépris je crois. C’était ça mais c’était bien. Comme avec Holter plus tard, j’ai beau aimer aller seul en concert, j’étais content après tout d’avoir la présence de M. à mon côté, corps ténu et chaud pour lutter contre le froid des tristes mélopées. Cette combinaison de fraîcheur et de chaleur était parfaite, je me sentais paré contre les frissons de la musique et de la vie.

Dans la beauté de ces musiques, beauté des vitres inondées de buées de l’hiver, et comme souvent en concert, peut-être à cause de la station debout, un peu pénible, un peu fragile, à cause de l’attentisme un peu ennuyé, passif comme on l’est rarement, j’étais ramené sans arrêt à la fragilité de la vie, à sa fugacité piquante, puis de là au bonheur qui est si souvent à mes côtés, à la joie qui dans ces moments, comme dans tant d’autres, me fonde et m’écoule. Dans ses mailles, j’entrevoyais une peur : tant de joie, est-ce bien raisonnable ? Devrais-je et devrai-je un jour payer ma chance ? Devrais-je m’amender, par des dons et des cadeaux, de la joie qui m’est offerte ? ou la garder pour moi, comme un bien précieux et fragile, dissipé sitôt qu’il est acquis et remarqué ? Ou encore la partager, la souffler aux quatre vents comme un pissenlit.

Niché dans toute félicité : la peur de la perdre ou de l’oublier – non comme sa conséquence néfaste possible, non comme une pensée après-coup, mais plutôt comme le cœur secret et noir dont elle est faite. Aucune joie, aucune amour, aucune existence n’est possible sans l’espoir qu’elles continuent toujours et sans la certitude qu’elles vont disparaître.

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