28/01/14 - Belong


Jeudi soir dernier, au concert de Moodoïd, à la Gaîté Lyrique, avec Raphaël La, j’ai de nouveau, sans particulièrement le chercher mais en étant prêt et volontaire à l’accueillir, ressenti un sentiment de bonheur très vif. L’impression de trouver sa place et de l’accepter, de sentir l’épaisseur de mon corps et de mes sensations. Le sentiment d’appartenir aux choses et au monde, d’un « belong » qui est à la fois trouver sa place et être approprié par autre que soi, par le monde, mais donc aussi par soi-même. En m’offrant au monde, en laissant mon esprit relâcher sa prise sur les choses, sur mon corps et sur moi-même : une sensation vertigineuse, toujours effrayante aussi, comme sauter dans la vide. Mais en sortant de ça, j’ai toujours l’impression de me réapproprier – de ressaisir ce corps et cette âme différemment, comme si pendant ce petit tour hors de moi on les avait lavés.
Je ne sais pas si c’est un mouvement hors de moi, où je laisse mon corps au monde, ou un mouvement au-dessus de moi, où je pars de mon être, dans un élan mystique qui secondairement seulement laisse mon corps derrière.
Les dernières fois c’était pendant une fête, à l’extérieur, lors du festival de Cannes 2013 ou dans la boîte à Amsterdam avec Stan, deux événements à propos desquels j’ai déjà écrit dans mes carnets, deux textes qui m’ont été très importants. J’ai l’impression de pouvoir relancer cette sensation, qu’il ne s’agit que d’un effort de la volonté, et pourtant… Force est d’avouer que je ne le fais pas, que ça ne doit pas être aussi facile que je le crois. Je sens que c’est une forme de méditation, un cousin du yoga : forcer les muscles de son visage et de son corps à se détendre, à couler, faire sortir le sourire dans les yeux et des lèvres (le sourire est premier et emporte tout), et sentir que dans chaque souffle il y a un peu d’angoisse qui s’en va – je la sens comme une grosse pile compacte et lourde, qu’il faut attaquer à la pioche de son souffle et d'un rayonnement intérieur.
Cependant ici, dans ce café de Quiberon où pourtant je me croyais détendu, je réessaie et je sens que je n’y arrive pas. Trop de pensées, trop de gens autour de moi, un paysage à la fois trop complexe et trop moche,  cette place du village sans intérêt.

EDIT : j’ai recopié ce texte après un mois et demi de bonheur, et au milieu d’une semaine de beau temps à Paris. Mon colocataire Julien travaille en silence, à côté de moi, dans le salon. J’écoute une chanteuse que j’aime beaucoup, et en relisant ces exercices de sourire et de respiration, j’ai commencé à sourire, et le sourire a emporté le reste de mon corps. J’ai perdu quelques kilogrammes et j’ai senti les racines de mon âme toucher les quatre coins de la pièce. 

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