8 août 2016 – Serviettes

Avant-hier, Praia Da Fuseta. Épuisé par un réveil trop tôt et surtout par la nuit au Ubi, je passe la journée dans un semi-coma, avant de m’effondrer sur ma serviette, à peine protégé, sous le parasol, par l’ombre courte du midi.

J’avais le nez dessus. Les serviettes de plage sentent toutes la même odeur. Un mélange de coton, de lessive, de crème solaire, de sable et de sel, chauffés par le soleil. C’est le parfum de l’été. Cette odeur, et il faut l’avouer le bruit des vagues, ont suffi, pendant la minute où je m’engourdissais jusqu’au sommeil, à me faire revenir toutes les serviettes posées sur toutes les plages de ma vie. De même que les aéroports, se ressemblant tous, semblent connecter toutes les villes comme un passage secret, tentaculaire et multidimensionnel, de même, plus profondément, que les avions et les trains nous amènent toujours autant à leur destination future qu’à toutes les destinations passées qu’ils ont desservies et stockées dans notre mémoire, cette serviette, sous mes yeux fermés, plongés non pas dans l’obscurité totale mais dans la lueur jaune-orange qui translucidait mes paupières closes, fine barrière face à la puissance du soleil, cette serviette devenait la même que toutes les autres, et peut-être la seule. Elle était la serviette, la voie d’accès mystérieuse, le tunnel magique qui plonge dans le sable de ma mémoire et me multiplie sous toutes les plages de mon enfance et de ma jeunesse. Cette sieste que j’allais faire, je réalisai que je l’avais déjà faite, exactement même, et que j’allais la refaire, plusieurs fois d’un coup, par la mémoire. Est-ce un hasard ? Je suis sorti vigoureux de ce court sommeil, comme si sur mille plages j’avais dormi mille siestes.

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