Avant-hier, Praia Da Fuseta. Épuisé par un réveil trop
tôt et surtout par la nuit au Ubi, je passe la journée dans un semi-coma, avant
de m’effondrer sur ma serviette, à peine protégé, sous le parasol, par l’ombre courte
du midi.
J’avais le nez dessus. Les serviettes de plage sentent
toutes la même odeur. Un mélange de coton, de lessive, de crème solaire, de
sable et de sel, chauffés par le soleil. C’est le parfum de l’été. Cette odeur,
et il faut l’avouer le bruit des vagues, ont suffi, pendant la minute où je
m’engourdissais jusqu’au sommeil, à me faire revenir toutes les serviettes posées
sur toutes les plages de ma vie. De même que les aéroports, se ressemblant tous,
semblent connecter toutes les villes comme un passage secret, tentaculaire et
multidimensionnel, de même, plus profondément, que les avions et les trains
nous amènent toujours autant à leur destination future qu’à toutes les
destinations passées qu’ils ont desservies et stockées dans notre mémoire,
cette serviette, sous mes yeux fermés, plongés non pas dans l’obscurité totale
mais dans la lueur jaune-orange qui translucidait mes paupières closes, fine
barrière face à la puissance du soleil, cette serviette devenait la même que toutes
les autres, et peut-être la seule. Elle était la serviette, la voie d’accès mystérieuse, le tunnel magique qui
plonge dans le sable de ma mémoire et me multiplie sous toutes les plages de
mon enfance et de ma jeunesse. Cette sieste que j’allais faire, je réalisai que
je l’avais déjà faite, exactement même, et que j’allais la refaire, plusieurs
fois d’un coup, par la mémoire. Est-ce un hasard ? Je suis sorti vigoureux
de ce court sommeil, comme si sur mille plages j’avais dormi mille siestes.
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